Promouvoir la lecture d'un livre grâce au numérique
Ce projet a été mené de concert avec le professeur documentaliste avec une classe de sixième dans le cadre du cours de Français.
L’objectif final est la création d’un objet numérique permettant de promouvoir l’un des livres de la sélection du prix des Incorruptibles auquel la classe participe.
Dans cette vidéo, Wendolin Bach présente brièvement son projet :
Les oeuvres sont les suivantes :
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Muriel Zürcher, Des bleus au cartable
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Torben Kuhlmann, Edison : la fascinante plongée d'une souris au fond de l'océan
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Valentine Goby, L'anguille
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Jean-Luc Marcastel, Libertalia
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Sylvie Baussier, Moi, le Minotaure
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Davide Cali, On nous appelait les mouches
L'objectif pédagogique est d'encourager la lecture grâce à la réalisation d'une tâche finale tout en développant la créativité des élèves et en encourageant la collaboration entre pairs.
CRCN :
Le scénario pédagogique
Étape 1
Une rencontre avec l’auteure de l’un des romans est programmée (Valentine Goby, L’anguille).
Comment mettre à profit cette rencontre pour nourrir la créativité des élèves ?
Pour préparer la rencontre, outre la réflexion autour des traditionnelles questions qui seront posées, les élèves sont invités à créer un nuage de mots à l’aide d’un générateur en ligne.
Ils réfléchissent dans un premier temps au sujet principal de leur nuage et font des propositions : l’un des romans de l’auteure dans sa globalité, l’un des personnages, l’auteure elle-même etc. Les propositions sont discutées en fonction de leur pertinence.
Ils choisissent ensuite, seul ou à deux, parmi les différentes propositions retenues et cherchent dix mots qui caractérisent au mieux leur sujet ainsi qu’une image afin de l’illustrer puis associent l’ensemble grâce à un éditeur en ligne (ici Wordart). L’image peut être produite par l’élève ou choisie dans une base de données d’images libres de droits.
Les différentes propositions sont ensuite affichées et débattues en classe entière afin de déterminer ce qui rend certains résultats plus originaux, plus créatifs, même si tous respectent les consignes.
Prenons les deux exemples ci-dessous : le premier groupe a simplement utilisé l'une des images de la base d'images de Wordart alors que le deuxième binôme a utilisé une image de la Venus de Milo car l'héroïne du roman n'a pas de bras (précisons que cette oeuvre n'a pas été vue en classe avant ce travail). Les élèves comprennent instantanément en quoi le deuxième exemple est plus original, plus créatif que le premier.
exemple 1
exemple 2
Cette première étape, qui peut paraître détachée de la tâche finale du projet, a pour objectif d'amorcer une réflexion autour de la créativité, de s'affranchir du stéréotype qui distingue d'une part des élèves créatifs par nature et d'autres, condamnés à "ne pas avoir d'idées", pour reprendre des mots que l'on peut entendre fréquemment en cours de Français, au moment des exercices d'écriture inventive par exemple. La culture personnelle apparaît ainsi comme l'un des moyens de nourrir sa créativité.
Étape 2 : brainstorming
Les élèves sont réunis en groupe de cinq ou six en fonction du livre qu’ils souhaitent promouvoir. Ils sont ensuite invités à réfléchir à l’objet numérique qu’ils pourraient réaliser, aucune proposition n’est donnée, seul l’objectif est annoncé : pouvoir le diffuser à la communauté éducative par les canaux de communication de l’établissement (MBN ; site du collège ; Twitter ; Instagram).
Les élèves proposent leurs idées en groupe classe, rapidement certains proposent de réaliser des « petits films », et tous les groupes finissent par choisir cette option même si certains avaient eu d'autres idées dans un premier temps.
Étape 3 : définir les codes d'une bande annonce
Une sélection de quelques bandes annonces de films, de films d’animation et de book trailers est proposée afin d’en étudier les codes. Les élèves doivent se demander comment susciter l'envie de voir un film, de lire un livre ; ce qui peut être dévoilé, ce qui doit demeurer caché...
Étape 4 : réalisation d'un story-board
Deux extraits de story-boards de films sont proposées à l'étude afin de comprendre comment s'écrit un film et de découvrir les notions élémentaires de l'audiovisuel : types de plans, cadrage etc.
Chacun des groupes est ensuite invité à se concerter pour choisir le type de bande annonce qu'il souhaite réaliser et écrire un story-board.
Trois groupes choisissent de réaliser une bande annonce à la manière d’un film, deux groupes choisissent de réaliser une animation en stop motion et le dernier groupe choisit de réaliser une bande annonce composée d’un enchainement d’images fixes.
Les élèves sont questionnés quant à leur choix techniques et narratifs : diversité des plans, choix des moments du récit, rédaction de phrases d’accroche…
Le choix est fait de ne pas utiliser de logiciel dédié à la création de storyboard car cela aurait nécessité un temps supplémentaire pour prendre en main un nouvel outil.
exemple de story-board pour la bande annonce du roman Des bleus au cartable
Étape 5 : réalisation de la bande annonce
Avant de procéder au "tournage" ou à la réalisation à proprement parler, les élèves doivent d'abord établir une liste de ce qui leur sera nécessaire : costumes, accessoires, personnages pour les films en stop motion, décors, musiques libres de droits, bruitages etc. Les élèves ayant choisi de produire des films d'animation recherchent des images (libres de droit) pour les arrières plans ou les dessinent eux-mêmes ; ils cherchent également des figurines pour tenir le rôle des personnages (les deux groupes ont choisi des jouets). Un groupe (d'élèves musiciens) décide de composer et d'enregistrer la musique pour leur bande-annonce (celle pour Edison).
Après une initiation à la technique choisie (surtout nécessaire pour le stop motion) les élèves réalisent leur bande annonce, plan par plan, à partir du story-board.
Les élèves sont questionnés quant à leur choix techniques et narratifs : diversité des plans, choix des moments du récit, rédaction des phrases d’accroche...
Les groupes qui ont choisi la prise de vue réelle sont tous rapidement confrontés à l'expérience du tournage et au nombre de prises nécessaires pour réaliser un plan: tous décident de réduire le nombre de plans pour certaines séquences ou de recourir davantage aux plans séquences.
Certains groupes ont parfois besoin d'aide pour trouver une solution technique à un problème mais ce sont eux qui assurent la prise de vue. Il est intéressant de comparer le résultat des différents plans enregistrés avec les story-boards.
Le montage est fait avec les élèves, ce sont eux qui procèdent aux choix mais ils ne sont pas formés à utiliser le logiciel, faute de temps : toutes les images ou séquences filmées sont importées en amont afin de gagner du temps. La réalisation s’est avérée en effet très chronophage et aura occupé plus ou moins le même temps que celui consacré à une séquence entière, le nombre de groupes multipliant le temps nécessaire, d’autant qu’il est difficile à certains moments de gérer les cinq groupes en même temps, surtout lors des séances animées par un seul enseignant. Il aurait sans doute été plus raisonnable de ne constituer que trois groupes, même s’il existe peut-être alors le risque d’un investissement moindre de certains élèves et que seuls trois des romans, dans le meilleur des cas, auraient été concernés.
Bilan
En premier lieu, ce projet au long cours, mené de janvier à juin, a permis aux élèves de se plonger pleinement dans la lecture du livre qu'ils ont choisi de promouvoir.
Tous les élèves se sont pleinement investis dans le projet, y compris ceux qui peinent à participer lors des séances plus traditionnelles, d'abord parce que la coopération au sein des groupes a permis à chacun de mettre en valeur ses compétences et des rôles ont rapidement émergés : les cadreurs, les acteurs, les photographes, les dessinateurs, les dialoguistes, les costumiers...
La créativité des élèves a pu s'exprimer de deux grandes manières :
- dans le cadre du groupe, en confrontant leurs idées et en cherchant des solutions de manière collective ;
- de manière plus individuelle, lorsqu'un élève endossait l'un des rôles mentionnés ci-dessus.
réalisation d'une séquence "aquatique" pour la bande annonce en stop motion d'Edison
Pour évaluer la créativité, les productions sont projetées à toutes les classes de sixième et les élèves votent pour leur bande-annonce préférée. Les résultats sont ensuite débattus en classe. En outre, la diffusion sur les canaux de communication numériques de l'établissement autorise également les retours d'élèves d'autres niveaux et des personnels. L'utilisation du numérique facilite ainsi l'évaluation par les pairs.
Ce projet a également enrichi les pratiques numériques des élèves :
- l'utilisation de Moodle (les exemples de bandes-annonces et de storyboards proposés par le professeur documentaliste et le professeur de Français ont été déposés dans un cours Moodle partagé.)
- la recherche d'images ou de musiques libres de droit ;
- l'utilisation de l'appareil photo ou de la caméra de manière plus avancée (cadrage précis, profondeur de champ...) ;
- la découverte de logiciels de montage (même si sur ce point, il a été nécessaire, pour des raisons de temps, d'accompagner les élèves (à l'exception d'un groupe qui a effectué le montage de sa production à la maison).
Enfin, ce projet a permis, puisque ces productions avaient vocation à être diffusées, d'une part de définir des notions connues des élèves mais dont la réalité leur échappe souvent : le droit à l'image et le droit d'auteur et d'autre part, de distinguer les différences entre les canaux de diffusion : site public, site avec accès privé, abonnées d'un réseau social.
Exemples de réalisation