mercredi 24 avril 2024

Explorer l'histoire des baisers en cours de latin

Présentation

 

Cet article décrit un scénario pédagogique réalisé avec une classe de 1ère d'enseignement facultatif du latin, dans le cadre de l'étude  des "Les conceptions du masculin et du féminin" qui font l'objet du programme de 1ère, et en particulier de la thématique "Amours, amantes et amants".

Dans le cadre de cette séquence, les élèves ont découvert la poésie de Catulle et le couple légendaire qu'il forme avec Clodia. On aura, entre autres poèmes, étudié le Carmen 5, et abordé l'anthropologie du baiser dans la Rome antique ainsi l'importance du Carmen 5 dans l'histoire littéraire.

Afin d'approfondir cette étude et de la placer dans le cadre de "programmes fondés sur la confrontation entre mondes anciens et monde moderne" (Annexe 2 B.O. spécial n° 8 du 25 juillet 2019), qui visent à faire percevoir autant
la singularité que la proximité de l'Antiquité à la lumière de la modernité, dans la suite de ce cours j'ai invité les élèves à faire une recherche sur l'histoire du baiser, de l'Antiquité romaine à notre époque contemporaine marquée par la pandémie. Ce travail participe de la constitution du portfolio de LCA qui doit permettre aux élèves de s'approprier le thème étudié en élaborant un dossier personnel, le portfolio, dans une perspective d’ouverture et de création.

L'activité proposée aux élèves visaient cependant non seulement à les amener à faire une recherche documentaire sur les baisers, mais également à les pousser à réaliser une création originale sur ce thème.

 

Domaines d'enseignement

  • LCA
  • EMI

 

Niveau éducatif

  • 1ère enseignement facultatif LCA

CRCN

  • 1.1. Mener une recherche et une veille d’information
  • 2.1. Interagir
  • 2.2. Partager et publier
  • 2.3. Collaborer
  • 3.1. Développer des contenus textuels
  • 3.2. Développer des contenus multimédias
  • 3.3. Adapter les documents à leur finalité

 

Scénario pédagogique

Séance 1

 

Pour mener cette étude, les élèves ont commencé à travailler en groupes au CDI, pour une première séance de recherche : il s'agissait de sélectionner 3 à 5 documents sur le thème du baiser et de son histoire, et de justifier la sélection effectuée.

 

Un dossier partagé dans l'ENT leur permettait de collecter les documents qu'ils découvraient.

 

 

A l'issue de cette séance, un temps a été consacré à l'élaboration des premières pistes de réflexion et d'organisation des éléments trouvés ainsi qu'à une brève présentation orale des premiers résutlats obtenus

 

Séance 2

 

Ce travail initial s'est poursuivi de façon autonome avec pour consigne de poursuivre les recherches en cherchant à organiser leur sélection suivant un angle permettant de la problématiser et de présenter à l'oral à partir d'un support ce travail. Les axes retenus par les groupes étaient tous différents, certains s'attelant à un essai de définition ou de  typologie des baisers, d'autres à une réflexion sur la représentation (ou l'absence de représentation) du baiser dans les grands mouvements artistiques de l'histoire.

 

 

 

 

Ces premières rélexions souffraient de deux défauts :

  • les analyses étaient souvent faussées par une recherche incomplète car cherchant à embrasser un sujet trop vaste ;
  • les oeuvres sélectionnées étaient souvent les premiers résultats qui apparaissaient dans leur moteur de recherche.

 

Des résultats plus intéressants sont apparus quand les groupes ont cherché à mettre en lien des oeuvres patrimoniales et des représentations du baiser dans la culture populaire, ou quand ils se sont saisis de mon invitation pour explorer des bases documentaires, comme Europeana, offrant des résultats plus originaux.

Les présentations orales ont donné lieu à un partage de connaissances et des échanges utiles pour la suite de la démarche créative.

 

Séance 3

 

En effet, une fois ces premières recherches effectuées et ces premiers repères acquis, la suite du travail a consisté à amener les élèves à produire une création originale sur le thème défini.

Pour cela, je les ai inité à une démarche créative les amenant à :

  1. Faire le point de leurs connaissances
  2. S’engager à la fois dans une pensée divergente (c’est-à-dire apprendre à penser de nouvelles façons et proposer plusieurs idées) et dans une pensée convergente (c’est-à-dire sélectionner les meilleures de ces idées à mettre en œuvre).
  3. Planifier et tester l'idée retenue (éventuellement, revenir à l'étape précédente pour chercher de nouvelles solutions)

 

Ce travail, qui se fondait sur les recherches documentaires menées en amont, les a amenés à dépasser une simple restituion de connaissances sous la forme d'un exposé, en les poussant à produire une oeuvre collective originale.

 

Manquant de temps, j'ai cependant dû renoncer à une présentation des différentes productions en classe et à un retour réflexif sur ce qu'ils avaient appris durant ce travail créatif.

Néanmoins, chacun des groupes a su se saisir du thème pour produire une création originale que ce soit un recueil de nouvelles de fiction imaginant des scènes de baisers entre un même couple à différentes époques de l'histoire, un film, reprenant les codes du journal télévisé pour évoquer une réflexion à la fois historique et personnelle sur le bisou ou une production numérique mêlant texte, images et extraits vidéos pour présenter une histoire du baiser (grâce à Sway disponible dans l'ENT).

 

Bilan

 

Dans le cadre des TraAM, ce projet visait à explorer à façon dont il est possible d'amener les élèves à s'approprier en profondeur un sujet en les amenant à produire une oeuvre créative. De ce point de vue, l'expérimentation est un succès car chacun des groupes est parvenu à s'approprier de façon originale le thème de la recherche.

 

Dans ce cadre, je tiens à souligner l'importance des phases de bilan oral, même bref, qui favorisait le partage des connaissances. Le dossier partager dans l'ENT a également facilité ce partage de connaissances qui a permis à chaque groupe de trouver une voie qui lui était propre pour s'approprier le sujet.

D'autres facteurs ont contribué selon moi à la réussite du projet :

  • la motivation et l'investissement du groupe d'élèves concerné ;
  • le temps qui leur a été accordé, en classe, pour mener à bien leurs recherches et leurs explorations d'idées créatives (aspect facilité par le fait qu'il s'agit d'un enseignement facultatif) ;
  • la mise en place d'une démarche structurée visant à favoriser la créativité ;
  • la liberté laissée aux élèves dans le choix de la production à réaliser.

 

Si les productions des élèves ont été évaluées, je n'ai pas mis en place d'évaluation structurée et criétriée au cours de la séquence. Cet aspect a finalement été délégué aux temps de présentation et d'éhanges oraux au cours desquels chaque groupe pouvait disposer d'un retour critique.

 

Enfin, ce projet apporte des éléments de réponses aux questions que nous nous étions posées lors de ces TraAM sur les liens entre numérique et créativité.

Il paraît évident que le projet a participer au développement des compétences numériques des élèves à travers les activités de recherche documentaire, de production de diaporamas ou de collaboration à distance. De plus, les élvèes ayant choisi de produire une oeuvre numérique, réalisant un film ou un document multimédia, ont été amenés à prendre en main ou se perfectionner dans l'utilisation d'outils de production ou de publication numériques. Encore une fois, le choix guidé laissé aux élèves a participé à leur motivation à prendre en main ces outils dont la maîtrise peut être très chronophage.