Médias sociaux et environnement
Description
L’objectif de ce parcours d’enseignement est d’amener les élèves à réfléchir sur la façon dont les médias sociaux permettent de s’informer sur le changement climatique et de favoriser l’engagement des citoyens pour le climat.
Deux angles privilégiés sont abordés :
• la désinformation à propos du changement climatique dans les médias sociaux
• les médias sociaux comme outil pour mener des campagnes visant à inciter le public visé à changer de comportement pour lutter contre le réchauffement climatique
Cette séquence de cours se situe dans le cadre de la participation de la classe à une journée d’étude du Forum Mondial de la Démocratie, organisé conjointement par la ville de Strasbourg et le Conseil de l’Europe.
Cette journée d’étude est organisée par Philippe Viallon, professeur à l’université de Strasbourg. Il a invité les élèves de plusieurs classes à produire des vidéos de 90 secondes traitant des médias sociaux et de l’environnement.
Dans cette brève vidéo, Nicolas Bannier présente le projet qu'il a mené :
Domaines d'enseignement
- Français
- EMI
Niveau éducatif :
Classe de 2nde (le scénario peut être adapté aisément à d’autres classes).
CRCN :
- 1.1. Mener une recherche et une veille d’information
- 2.1. Interagir
- 2.2. Partager et publier
- 2.3. Collaborer
- 3.1. Développer des contenus textuels
- 3.2. Développer des contenus multimédias
- 3.3. Adapter les documents à leur finalité
- 4.2. Protéger les données personnelles et la vie privée
- 4.3. Protéger la santé, le bien-être et l’environnement
Scénario pédagogique :
Travail préalable :
Le parcours sur les médias sociaux et l’environnement a été précédé d’une séquence de cours dans laquelle nous avons étudié la nouvelle d’Alain Damasio, Scarlet et Novak.
Même si la nouvelle ne porte pas strictement sur les médias sociaux mais davantage sur les smartphones, j’ai organisé une séance d’argumentation orale en lien avec les réseaux sociaux. En effet, après avoir fait un exercice oral sur le thème “Est-ce que les téléphones nous rendent plus seuls ?”, les élèves ont été évalués lors d’un bref oral continu et préparé en amont à partir de la question suivante : “A quel âge est-on trop jeune pour utiliser les médias sociaux ?”. Ces deux exercices oraux ont permis d’introduire la séquence décrite ci-dessous.
1ère étape : Quelle perception les élèves ont-ils de nos deux thèmes : les médias sociaux et l’environnement
Le but de cette première étape est de lancer les élèves dans l’activité en partant de leur pratique des médias sociaux et de leur sensibilité vis-à-vis de la question climatique en réalisant un sondage dans Mooodle.
1. Médias sociaux et pratiques médiatiques
Le premier sondage porte sur les réseaux et les pratiques médiatiques des élèves de la classe. J’ai très largement repris dans Moodle, et simplifié, un sondage créé dans l’académie de Toulouse.
On voit entre autre dans le résultat à ce sondage que les réseaux sociaux utilisés de la façon la plus active par ces lycéens de 2nde sont Snapchat et Instagram et que d’autres réseaux comme Facebook ou Twitter sont quasiment ignorés.
Le fait de pouvoir visualiser et vidéoprojeter les résultats du sondage (chaque élève a accès aux résultats d’ensemble, ce qui permet de faciliter la gestion de classe pour ceux qui finissent avant les autres) permet d’amorcer les échanges au sein de classe.
2. Ma perception du changement climatique
Le 2nd sondage, réalisé la semaine suivante, portait sur la perception que les élèves avaient du changement climatique.
J’ai été surpris par leurs premières réactions : beaucoup se disent peu concernés, ou peu enclins à changer quelque chose dans leurs modes de vie en faveur de l’environnement.
2ème étape : Médias sociaux et désinformation
L’objectif de cette deuxième étape est d’amener les élèves à comprendre le reproche qui a été fait aux médias sociaux d’aider à répandre de fausses informations à propos du réchauffement climatique.
Cette 2ème étape a en réalité été amorcée dès la première séance. En effet, dès le questionnaire précédent, les élèves ont regardé une vidéo qui a plusieurs millions de vue sur YouTube ("Ce qu’ils vous ont caché au sujet du changement climatique") et réfléchi à ce qui en faisait la force de conviction malgré les contre-vérités que son auteur énonçait. Cela nous a amené à réfléchir à la question de la fiabilité des sources d’informations, en particulier sur YouTube.
Par la suite, j’ai fourni aux élèves un article de l’AFP repris par exemple par le magazine Géo ( “YouTube oriente ses usagers vers des vidéos niant le changement climatique, accuse une ONG”) à propos de la désinformation sur le réchauffement climatique sur la plateforme de partage de vidéos.
L’article étant assez long, et déjà complexe pour des élèves de 2nde peu familiers avec le sujet, j’ai utilisé un livre interactif H5P dans Moodle pour présenter l’article en deux temps. Chaque temps proposait des questions qui permettaient aux élèves de guider leur réflexion.
Un second article est venu compléter ces premières informations. Il s’agit d’un article publié sur le site d’Euronews (Is social media fuelling the spread of climate change misinformation ? Rosie Frost), qui traite d’une question très similaire au premier, mais cette fois à propos de Facebook. La lecture de ce 2nd article était divisée en quatre temps, chacun guidé par une question. Les élèves ont réalisé ce travail à la maison et on a pris un temps pour lire ensemble et partager les réponses lors du cours suivant.
Il était intéressant de voir que les questions soulevées par les deux articles étaient très similaires, articulant des problématiques liées à la liberté d’expression et à la lutte contre le réchauffement climatique.
Cette seconde étape visait surtout à amorcer la réflexion des élèves et à leur apporter des connaissances sur le sujet avant qu’ils puissent se lancer dans un processus plus créatif.
Nous avons clos ici le travail sur la désinformation à propos du réchauffement climatique. En effet, mon but était de ne pas me cantonner à cet aspect mais d’aborder les médias sociaux sous un jour plus positif.
3ème étape : Les médias sociaux comme support pour promouvoir des changements de comportement
Cette 3ème séance de cours me semble une étape importante. En effet, elle marque le début d’un travail plus actif de la part des élèves, le début d’un travail de groupe, et, comme je l’ai écrit plus haut, d’une réflexion sur les usages positifs des médias sociaux pour l’environnement.
Le but de cette séance est d’amener les élèves à analyser une campagne réalisée sur les médias sociaux ayant pour but de provoquer des changements de comportement en faveur de l’environnement. Pour cela, le cours comprend une partie théorique sur les vecteurs du changement de comportement, puis sur les stratégies utilisées dans des campagnes sur les médias sociaux, avant que les élèves ne cherchent à analyser par eux-mêmes une campagne de leur choix .
J’ai ouvert cette séance par une citation de Romain Badouard dans un article paru dans Le Un (“Internet a-t-il tué le débat ?”, Le Un, 16 septembre 2020) qui met en avant la question de l’”engagement paresseux” induit par les médias sociaux.
A la réflexion, cette citation aurait mérité d’être précédée d’une activité, que j’ai réalisée a posteriori, autour d’une affiche de la Surfrider Foundation Europe. Cela aurait permis de mieux d’interpeler les élèves, de les questionner sur leur engagement en faveur de l’environnement et d’introduire la citation de Romain Badouard. Enfin, cela aurait permis d’introduire la campagne de la Surfrider Foundation Europe sur Instagram sur laquelle on reviendra par la suite.
La suite du cours décrit dix stratégies utilisées par des campagnes sur les médias sociaux à propos de l’environnement.
L’essentiel du cours a consisté en une analyse précise de la campagne #just1thing de la Surfrider Foundation Europe sur Instagram (je me suis d’ailleurs créé un compte Instagram pour l’occasion), analyse dans laquelle je détaillais l’ensemble des stratégies de communication mises en œuvre par la campagne #Just1Thing.
La dernière étape a consisté à demander aux élèves de réaliser sur ce modèle une analyse d’une campagne de leur choix.
La première difficulté rencontrée par les élèves a consisté à trouver une campagne à analyser. Pour plusieurs groupes, il y avait une grande confusion entre l’auteur de la campagne (souvent une ONG ou association) et la campagne elle-même.
Beaucoup d’élèves se sont lancés sur les réseaux sociaux pour chercher une campagne et finalement n’y ont rien trouvé d’intéressant, se rabattant enfin sur le moteur de recherche de Google. Mais même ainsi, la recherche a été fastidieuse.
Dans un second temps, il s’agissait pour les élèves de regarder la campagne et de l’analyser à l’aune des 10 stratégies vues en classe, comme dans l’exemple présenté. Cette seconde étape a été encore plus fastidieuse, plusieurs groupes ne parvenant pas à se servir du cours pour leur analyse. Le fait que cette partie du cours était disponible uniquement sur Moodle a sans doute rendu les choses plus compliquées et j’aurais mieux fait de faire une photocopie de cette partie du cours pour qu’ils l’aient sous la main.
Enfin, j’ai demandé aux élèves de préparer un support pour une présentation orale de la campagne analysée.
4ème étape : Imaginer une campagne utilisant les médias sociaux pour inciter le public à s’engager pour l’environnement
Il s’agissait de demander aux élèves d’imaginer une campagne utilisant les médias sociaux incitant le public à s’engager pour l’environnement.
J’ai donné les pistes de réflexion suivantes aux élèves :
– Qu’est-ce qui pourrait être amélioré dans mon / nos habitudes de vie pour lutter contre le réchauffement climatique et globalement en faveur de l’environnement
– A mon avis, comment on va pouvoir pousser les gens à adopter ce comportement ?
– Comment les réseaux sociaux pourraient-ils être utiles ? quelle stratégie ? Pourquoi utiliser telle ou telle stratégie ?
– Quel média social choisir pour atteindre le mieux possible mes objectifs en fonction des stratégies choisies.
– Est-ce que vous avez besoin de plus de connaissance sur le sujet que je veux aborder ?
Au tableau, en utilisant Digiscreen, étaient projetées les consignes suivantes
Parmi les consignes, il était également annoncé qu’il ne s’agissait pas de réaliser réellement cette campagne, mais uniquement de l’imaginer.
L’objectif de cette activité était double.
Tout d’abord revenir sur ce qui avait été étudié précédemment pour mettre en application les stratégies de communication analysées.
Ensuite, amorcer une première activité créative afin de faciliter le processus créatif de l’étape suivante, la réalisation de la vidéo pour le forum mondial de la démocratie.
Mon idée était que si les élèves avaient expérimenté une première fois un processus créatif (ici, rechercher des idées originales pour créer une campagne), ils auraient plus de faciliter pour l’expérimenter une seconde fois, afin d’aller jusqu’à la phrase suivante du processus créatif : la réalisation d’une production originale.
Mes conseils ont donc consisté à demander à chaque groupe de noter toutes les idées qui leur venaient à l’esprit, car pour produire de bonnes idées, il faut en inventer beaucoup. Puis de faire un tri entre les idées proposées.
A l’issue de la séance, j’ai pris un bref temps pour que quelques groupes puissent à présenter à l’oral à la classe la meilleure idée de campagne qu’ils avaient eue. Or le résultat a souvent été décevant : une campagne offrant des récompenses monétaires pour récolter des déchets (récompense), ou inciter à des actions en faveur du climat sur des heures de cours (incitation) , ou encore une incitation à utiliser des moteurs de recherche qui ont une action pour l’environnement comme Ecosia.
Manque de temps, activité trop complexe, manque de connaissance, difficulté à imaginer une action originale ou un usage original des médias sociaux.... Quoi qu’il en soit, je ne me suis pas vraiment attardé sur cette activité, qui avait pour objectif principal d’amorcer le processus créatif des élèves pour l’étape suivante.
5ème étape : Réaliser une vidéo sur la thématique des médias sociaux et de l’environnement
Les travaux de groupe se sont donc poursuivis, mais cette fois, ils visaient la production d’une vidéo qui avait pour seule contrainte de croiser les thématiques des médias sociaux et de l’environnement et de durer au maximum 90 secondes.
Le cours a donc été organisé en deux étapes. Dans un premier temps, j’ai demandé à chaque groupe d’écrire toutes leurs idées de vidéos, et j’ai circulé entre les groupes pour relancer leurs réflexions et leur demander d’envisager les choses sous un nouvel angle, soit pour leur signaler que leurs idées n’abordait qu’un des deux aspects de la question. Ce second aspect a été très difficile à prendre en compte pour un certain nombre de groupes.
J’ai ensuite demandé à un membre de chaque groupe de publier avec Digistorrm la liste de leurs idées, que l’on a projetées et examinées collectivement. Parmi les idées proposées, j’ai souligné celles qui me semblaient intéressantes et celles qui devaient être améliorées, soit parce qu’elles manquaient d’originalité, soit, encore une fois, parce qu’un seul des deux thèmes était abordé.
Dans le second temps du cours les groupes ont poursuivi leur travail pour envisager la réalisation concrète de leurs idées (ou en formuler de meilleures) et chaque groupe a pu présenter succinctement son idée de vidéo à la classe.
Par la suite, je leur ai fait parvenir un sondage pour les questionner sur l’avancement de leur projet, sur les difficulté rencontrées dans la réalisation du travail ou dans le travail de groupe. Le but de ce sondage est à la fois d’avoir un état des lieux de leurs travaux mais de les amener à adopter une attitude réflexive sur leur travail.
Les résultats de ce sondage font apparaître que les groupes estiment avoir correctement fonctionné et communiqué mais que les élèves manquent de temps pour réaliser le projet tel qu’ils l’entendent. Certains, en fonction du projet choisi, ont rencontré des difficultés matérielles (se rendre au centre ville, trouver des gens à interviewer...)
Deux heures de cours ont ensuite été consacrées à des activités variées suivant l’avancement du projet de chaque groupe. Là encore, Digiscreen m’a permis de diffuser facilement des consignes complexes et différenciées.
Ce temps en classe m’a permis de visionner les premières productions des élèves, de leur donner des conseils et de réorienter certains projets. La liberté de circulation dans la classe m’a permis d’avoir des échanges intéressants avec certains élèves à propos de leur projet et j’ai pu constater que de nombreux élèves circulaient pour aller regarder ce que les autres avaient fait ou leur poser des questions.
Ce fut également un moment durant lequel les élèves ont commencé à tirer le bilan de leur réflexion sur l’ensemble du projet. C’est ce bilan rédigé par les élèves pendant les vacances a fait l’objet d’une note.
Nous avons enfin pris le temps de visionner en classe l’ensemble des vidéos et de les commenter pour proposer d’éventuelles améliorations. Les groupes ont proposé des contenus parfois parfaitement achevés et d’autres qui devaient être améliorés soit parce que des problèmes techniques, souvent de son, rendaient la vidéo perfectible, soit parce que la conception de la vidéo méritait d’être revue et améliorée car la réflexion que reflétait la vidéo manquait de profondeur.
Bilan :
De ce projet mené en début d'année scolaire a été riche d'enseignement pour moi et a favorisé une nette amélioration de l'ambiance de classe de 2nde impliquée.
Enseigner le processus créatif
Tout d’abord, la réalisation de la tâche finale laissait une large part de liberté et de décision aux élèves. Certains éléments étaient encadrés, comme l’obligation de produire une vidéo de 90 secondes maximum, ou la thématique de la vidéo, mais cette contrainte n’a pas été un obstacle à la créativité des élèves, mais s’est révélée souvent stimulante. Pour donner un exemple, j’ai fait noter à un groupe que sa vidéo, une sorte de dessin animé, dépassait la durée envisagée. Face à cette difficulté, ils ont proposé de résoudre le problème en accélérant la vitesse au montage. Effet collatéral intéressant, la vidéo s’en est trouvée améliorée : elle était plus rythmée, et les voix accélérées donnaient un petit côté cartoon qui convenait bien à leur choix initial, même s’il reste à ce jour encore des réglages à effectuer pour que le résultat soit probant. En même temps que la créativité, je constate que les élèves ont mobilisé leur capacité à résoudre des problèmes.
Bien que les élèves aient régulièrement partagé au sein de la classe leurs idées de vidéos, elles se révèlent toutes différentes et originales. La principale difficulté ayant été de faire en sorte qu’elles cadrent avec les deux thématiques retenues et mon aide a souvent été nécessaire pour les aider à aller dans ce sens.
Par ailleurs, même si je n’en avais pas complètement conscience dès le départ, je suis satisfait de la façon dont la séquence a permis une appropriation progressive de la démarche de création par les élèves. De l’expression de sentiments personnels à la prise de distance permise par l’apport de contenus de cours, les élèves avaient suffisamment de connaissances pour aborder la phase créative de la séquence. Surtout, le travail qui les a conduits à imaginer une campagne de communication sur les médias sociaux leur a permis de mettre en œuvre les premières étapes du processus créatif, exerçant ainsi des compétences qu’ils mobiliseront de nouveau par la suite. Le fait qu’ils n’aient pas eu à réaliser cette campagne a permis de limiter la place occupé par ce travail préparatoire.
Volontairement, je ne me suis pas trop attaché à la question du temps, car cela m’ajoutait une contrainte que je savais que j’aurais du mal à maîtriser. En plus des moments pris sur l’heure de vie de classe, j’ai consacré une douzaine d’heures de cours de français au projet. Les élèves ont vécu difficilement la contrainte du délai de réalisation de la vidéo, mais je pense que cette contrainte était nécessaire pour favoriser la réalisation du projet faire en sorte que leurs idées soient réalisables.
J’ai essayé de varier, quand c’était possible, les espaces, profitant par exemple de l’espace réaménagé du CDI qui, j’en ai l’intuition, a été favorable à l’émergence de la créativité.
De plus, le fait que le projet dépasse le cadre de la classe a sans doute jouer un rôle notable dans leur motivation.
Je pense que le travail de groupe a été un vecteur de créativité pour les élèves. Quand je les ai interrogés sur leur rôle au sein du groupe, je me suis rendu compte qu’ils s’étaient répartis les rôles suivant leurs compétences “Mon rôle au sein de mon groupe est de faire le montage, de choisir une Musique, de faire le stop motion -faire le générique”. Les élèves insiste sur le fait qu’ils ont pu contribuer au processus créatif en proposant des idées (“j'ai donnée des idées qu'on a mélanger avec les idées des autres membres du groupe.”), même si celles-ci n’ont pas été retenues pour la production finale (“J'ai essayé de donner des idées pour permettre de faire avancer le travail même si ce ne sont pas forcément mes idées qui ont été prises en compte ça aide quand même à faire avancer le travail.”). Certains commentaires témoignent de l’investissement personnel fourni dans le projet, certains prenant en charge une grande partie du travail sur leurs épaules (“J'ai fait un faux compte Instagram et posté les photos que X et moi avions prise de nous-mêmes au centre ville de Strasbourg pour pouvoir en faire les vidéos du film par la suite.”).
Créativité numérique
Dans le cadre de ce projet, la production attendue était numérique puisqu’il s’agissait de produire une vidéo. Mais il m’apparaît que le numérique a davantage constitué l’environnement dans lequel les élèves ont évolué, qu’un outil particulier : chaque élève dispose d’un ordinateur portable (dans le cadre du dispositif Lycée 4.0 de la Région Grand Est) avec une suite bureautique qu’ils savent en général exploiter, les documents de cours, les activités, sont disponibles dans l’ENT, la salle dispose d’un vidéoprojecteur, le lycée de wifi...
Donc, si je reprends les différents points que nous avons décidé d’examiner sur cette question dans l'académie de Strasbourg (le numérique pour stimuler la créativité des élèves ; soutenir le développement d’idées ; créer des produits numériques ; étayer les processus créatifs des élèves ; augmenter la collaboration créative entre les élèves ; faciliter l’évaluation des résultats créatifs des élèves), l’environnement numérique dans lequel les élèves ont travaillé à eu un impact sur chacun d’entre eux.
Evaluer la créativité
Enfin, je n’avais pas vraiment envisagé en amont la question de l’évaluation du projet ou de la créativité des élèves mais ceux-ci étaient informés dès le début que leurs vidéos seraient projetées et que la meilleure vidéo de la classe serait récompensée. Cela dit, le travail de groupe, la participation de l’enseignant ainsi que les temps de bilans personnels (questionnaire, bilan final) et les présentations collectives ont permis à chaque élève d’évaluer la qualité de ses idées et de son projet durant le processus créatif.
Je n’ai toutefois pas demandé aux élèves de conserver une documentation de leur processus créatif. Je le regrette car cela aurait sans doute été intéressant et cela leur aurait permis d’enrichir leur bilan. Il m’est arrivé de prendre quelques photos en classe, j’ai favorisé des temps de présentation orale durant lesquels les élèves ont partagé leurs idées, mais dans un nouveau projet, je crois que je leur demanderais plus explicitement de documenter leur travail.
Un questionnement sur la place de l'enseignant
A plusieurs reprises, ce projet m’a amené à me questionner sur le rôle que l’enseignant devait jouer, ou non, dans le processus créatif. Au-delà de la situation pédagogique proposée aux élèves, je me suis souvent retrouvé, au cours du processus créatif, en position d’évaluateur du travail réalisé. Or, je me suis rendu compte que mon avis était souvent critique, en particulier lorsque je manquais de temps. En même temps, on peut imaginer que l’enseignant doit avoir ce rôle de conseil expert qui permet aux élèves de produire des idées plus riches et plus originales.
Dans l’idéal, j’aimerais que ce rôle soit dévolu au groupe de la classe, ou du moins que je sois un participant de ces échanges sans en occuper la place prédominante, voire écrasante. Je ne sais pas toutefois si cela est structurellement possible, en raison de ma position d’enseignant au sein de la classe qui donne à ma parole une autorité supérieure, et d’autre part en raison du temps que cela requiert.
Je crois qu’un passage par le numérique, en particulier de façon asynchrone, pourrait être une solution à ce problème : cela ne se ferait pas sur le temps de la classe, ma parole serait moins prééminente, cela pourrait se mêler au travail de documentation fait par les élèves. Un simple forum dans Moodle, ou un blog MBN, malgré toutes ses limitations, fonctionnerait bien. On pourrait aussi imaginer utiliser une base de données dans Moodle, mais cela rendrait la transposition de cette activité par d’autres enseignants plus difficile.
C'est d'ailleurs un aspect que j'ai expérimenté dans le second projet mené avec cette classe de 2nde.