2.6. Quelle évaluation du journal de lecture ?

 

 

Pas de note pour le journal de lecture

 

Au cours de cette expérimentation, aucun enseignant n’a choisi d’évaluer d’une note le journal de lecture des élèves.

D’une part, l’appropriation personnelle des textes dont témoigne le journal de lecture est difficilement conciliable avec une évaluation chiffrée, d’autre part, les journaux de lecteurs sont conçus comme un écrit de travail, soutenant la lecture et la réflexion des élèves : l’évaluation ne peut donc être que formative.

 

Plusieurs d’entre nous ont toutefois évalué la lecture des élèves à partir d’un test et, comme l’écrit Wendolin Bach :

 

Sans surprise, ceux qui ont fait le travail sur le journal de lecture sérieusement ont obtenu en moyenne de meilleurs résultats.

 

De même, dans le cadre du DNB ou des EAF, le journal de lecture, sans faire l’objet lui-même d’une évaluation, serait sans nul doute un atout précieux pour permettre aux élèves de réussir leurs épreuves orales.

 

Cependant, le lien entre ces évaluations et le journal n’étant pas évident pour les élèves, ils ne font pas toujours preuve de suffisamment de motivation pour s’astreindre à cet exercice qui n’est pas validé immédiatement pas une note.

 

Pas de note, mais une rétroaction

 

Si les enseignants ont choisi de ne pas noter le journal, celui-ci a toutefois fait l’objet d’une rétroaction, grâce à la possibilité d’ajouter un commentaire à une entrée du journal :

 

 

Dans son article intitulé “Annoter un journal de lecture”, Manon Hébert propose de retenir six grands gestes pour résumer l’acte d’évaluation du journal de lecture par l’enseignant :

 

  1. cadrer le raisonnement : soit aider l’élève à prendre conscience de ses stratégies et opérations cognitives en les reformulant au besoin (aspect métacognitif) et puis exiger, sur le plan de l’écriture, de se limiter au traitement d’un seul sujet à la fois (cohésion) pour favoriser l’élaboration;

  2. souligner de manière positive les éléments réussis (renforcement) en reformulant au besoin;

  3. signaler sous forme de question ou de conseils précis ce qui pourrait encore être travaillé (étayage interactif et précis);

  4. faire respecter les étapes minimales sur un plan rhétorique (poser la stratégie, faire une mise en contexte et élaborer en citant le texte à l’appui);

  5. établir explicitement des liens avec les notions vues en classe (tissage);

  6. établir un dialogue culturel (partage de ses réactions de lecture, de suggestions culturelles)

 

Ces pistes qu’elle a établies dans le cadre de son travail de recherche peuvent être un guide intéressant pour l’enseignant qui souhaiterait commenter le journal de lecture de ses élèves.

 

Dans les faits, nous ne les avons pas exploitées systématiquement, mais les commentaires ont permis souvent de guider les élèves dans la rédaction du journal, pour en rappeler les contraintes formelles (référence à un passage de l’œuvre, utilisation des stratégies de lecture, clarté du propos…), pour inciter à approfondir le propos et souligner les aspects positifs du travail :

 

 

D’autres pistes d’évaluation

 

Deux autres pistes ont été envisagées sans faire l’objet d’une expérimentation à proprement parler.

 

L’évaluation par les pairs

 

De même que l’enseignant peut commenter les journaux de lecture, les élèves peuvent également laisser un commentaire sur une fiche à partir du moment où celle-ci a été rendue publique.

Cette piste qui n’a pas été expérimentée semble toutefois intéressante, en complément d’un cercle de lecture par exemple, pour ouvrir les élèves sur d’autres lectures subjectives d’une même œuvre.

Par ailleurs, cette évaluation par les pairs permet à l’évaluateur lui-même d’intégrer les critères de réussite du journal de lecture, pour peu que ceux-ci soient explicités aux élèves.

Elle permet enfin de valoriser le travail de chacun.

Notons enfin, qu’il est possible de régler l’activité de façon à ce que les élèves eux-mêmes puissent évaluer les fiches de leurs camarades, par exemple en utilisant un barème fait d’étoiles.

 

 

Cette possibilité n’a pas été testée, et elle est peut-être à manier avec prudence : elle pourrait faire l’objet d’une décision collective de la classe. Il est toutefois toujours possible de choisir de ne pas rendre visibles les entrées de son journal à ses camarades.

 

La ludification du journal de lecture

 

Nous reviendrons plus en détail, dans un chapitre successif, sur la ludification du journal de lecture.

Notons pour le moment :

 

  • que la participation des élèves pourrait être valorisée par des points d’expérience qui permettraenit aux élèves de passer des niveaux suivant le nombre d’entrées écrites, lues, et commentées.

 

 

qu’il serait possible d’utiliser des badges qui permettent de certifier par exemple la réussite des élèves dans telle ou telle compétence (par exemple, dans la réalisation d’une entrée particulièrement riche).