lundi 18 novembre 2024

Géographie des conflits (Trinôme académique 2011)

Les 2 février et 15 mars 2011 ont eu lieu respectivement à l’IUFM de Strasbourg et à la base militaire de Meyenheim une série d’interventions lors de la journée du Trinôme académique de Défense. Cette année, la thématique choisie portait sur la géographie des conflits. Plusieurs thématiques y ont été abordées :

 

Actualités de l'opération de l'OTAN en Afghanistan

Alexis Vahlas, maître de conférences à l’Université de Strasbourg, a inauguré cette nouvelle session du Trinôme académique par une conférence portant sur les  « Actualités de l’action de l’OTAN en Afghanistan ».

Il aborde les actions actuelles de l’OTAN en Afghanistan en les replaçant dans le contexte juridique international afin de réfléchir sur la légitimité de l’intervention, les objectifs de l’OTAN. Il termine son exposé sur les enjeux et les effets de l’enlisement actuel du conflit. Nous remercions Alexis Vahlas d’avoir laissé à disposition des enseignants la présentation qu’il a réalisée.


Le conflit afghan : géohistoire du conflit et dynamiques actuelles.

Julien Ebersold et Christophe Marchand ont réfléchi à la fabrication de documents pédagogiques (cartes, schémas, chorêmes) pour permettre d’aborder dans les classes la complexité du conflit afghan (en particulier dans les niveaux abordant la fin de la guerre froide et la géopolitique depuis les années 1990).

Ils ont construit leur intervention en trois temps.
  • Les structures du conflit pour montrer le manque de cohérence du territoire et l’importance des frontières internes de l’Afghanistan selon une approche géohistorique, en prenant en compte l’impact du cadre naturel, les ambitions coloniales et la complexité ethnique du pays. Chaque carte produite renvoie à une schématisation des structures du conflit héritées de l’histoire qui perdurent encore.
  • Les crises successives pour mettre en évidence les événements qui ont plongé l’Afghanistan dans une situation instable depuis plus 30 ans, selon une approche plus chronologique. On peut identifier trois phases : l’invasion soviétique (1979-1989), l’impossible stabilité (1989-2001) et l’intervention de l’OTAN (depuis 2001). Les intervenants ont construit des cartes présentant les évolutions chronologiques propres à chacune de ces phases mais aussi ont réfléchi aux causes de l’instabilité et des échecs des différentes interventions.
  • L’impact du conflit aux différentes échelles pour comprendre en quoi la situation en Afghanistan inquiète la communauté internationale, selon une approche plus géopolitique. Christophe Marchand et Julien Ebersold ont cherché à cartographier les enjeux régionaux du conflit pour les puissances voisines que sont l’Iran, le Pakistan et la Chine. Chacune des cartes est déclinée en plusieurs logiques spatiales qui permettent d’identifier les intérêts multiples de ces trois puissances à intervenir dans ce conflit afghan. Ils terminent leur présentation sur quelques cartes résumant les enjeux mondiaux de ce conflit.

Les « coopérations civilo-militaires » un outil au service de l’humanitaire et du Soft Power à la française : l'exemple d'Haïti

Marc Bartolini, professeur au lycée Marcel Rudloff de Strasbourg, propose de faire de point sur les actions civilo-militaires en prenant l'exemple des opérations menées à Haïti associant humanitaire et expression du Soft Pwer français.

Dans un premier temps, il rappelle leurs origines coloniales et montre leur théorisation durant la guerre d’Algérie. Ces opérations civilo-militaires retrouvent une importance croissante dans le cadre d’un contexte international marqué par de nouvelles conflictualités qui ne sont plus liées seulement à des rivalités entre Etats (ex-Yougoslavie, Afghanistan…). Ces opérations civilo-militaires sont des exemples efficaces pour aborder la notion de Défense globale, la gestion de crises dans leur globalité.

Il propose de construire une étude de cas sur le tremblement de terre à Haïti, dans le cadre du thème de seconde « Gérer les espaces terrestres » (Les espaces exposés aux risques majeurs). Il a construit une démarche et un dossier documentaire dense et diversifié qui permet d’aborder tout d’abord la catastrophe, ses causes et ses effets, c’est-à-dire une crise humanitaire majeure du fait de la forte vulnérabilité de la société haïtienne.  Puis il essaie de montrer ce qu’est une coopération civilo-militaire à travers l’exemple de l’opération « séisme Haïti 2010 », les différents acteurs intervenant et les missions diversifiées de l’armée, montrant ainsi la globalité de la gestion de cette crise humanitaire.

Marc Bartolini utilise de nombreux extraits vidéos sur son diaporama : il a indiqué les adresses des sites internet sur lesquels vous pourrez les retrouver et les visionner.


Emmanuel Bender (lycée Marcel Rudloff de Strasbourg) prolonge cette conférence par une réflexion sur les cyberconflits, proposant plusieurs démarches pour construire des études de cas.

Tout d’abord, il définit les enjeux de la cyberconflictualité. Il pose ensuite des pistes pour construire une étude de cas sur la Chine montrant en quoi les cyberconflits illustrent ses rapports géopolitiques avec le reste du monde ? (à ce sujet, nous renvoyons au Trinôme 2008 dont l’une des présentations étaient consacré à la Chine et internet). Enfin, il présente des pistes pour amener les élèves à réfléchir sur les moyens permettant de se prémunir contre les cyber-attaques.

 

Cet atelier s’achève avec la présentation de Bertrand Lanot (collège Freppel d'Obernai) qui propose une démarche pour aborder la cyberguerre dans les nouveaux programmes de Troisième, qui entreront en application à la rentrée 2012.

En partant de l’exemple de la cyber-attaque russe contre l’Estonie en avril 2007, il revient sur la cyberguerre en la replaçant (cette cyberattaque russe et la cyberguerre en général) dans une temporalité plus longue, celle des relations internationales marquées par la disparition de l’URSS et de la guerre froide, par l’affirmation de l’hyperpuissance américaine, progressivement contestée par l’émergence de nouvelles puissances.